Soutien à la Santé Animale et à l’Elevage
Soutien à la Santé Animale et à l’Elevage
En Afghanistan, pays montagneux au climat aride et semi-aride, l’agriculture, et plus particulièrement l’élevage, constitue l’une des principales sources de revenus des ménages vivant en milieu rural. Les populations élèvent des petits ruminants (chèvres, moutons) adaptés aux milieux montagneux, mais également des vaches, surtout destinées à la production laitière mais également pour la viande. Ces produits peuvent être transformés et vendus sur le marché local ou autoconsommés. Dans ce contexte, le maintien en bonne santé des animaux revêt une importance capitale.
La médecine vétérinaire, qui nécessite cinq ans d’étude au minimum, est une discipline mal reconnue qui ne suscite que très peu de vocations. L’Afghanistan manque donc cruellement de services de santé animale, surtout dans les zones rurales reculées, là où ils seraient pourtant grandement nécessaires. Ainsi, MADERA œuvre depuis 1988 au développement d’un réseau de professionnels, fournissant formations (minimum 6 mois de formation professionnelle axée sur le savoir-faire pratique), équipements et appuis techniques à des personnes issues des communautés rurales et en accord avec celles-ci.
Créer un réseau de vétérinaires et d’auxiliaires vétérinaires
Depuis début 2014, MADERA travaille en consortium avec l’ONG Relief International afin de mettre en œuvre le projet Soutien à la santé animale et à l’élevage en Afghanistan, financé par l’Union Européenne jusqu’à décembre 2017. Ce projet vise à soutenir un réseau de 145 vétérinaires et auxiliaires vétérinaires dans 9 provinces à travers le pays. Cette année 3 nouveaux auxiliaires vétérinaires ont été formés et équipés et ont pu commencer leur travail. L’ensemble des professionnels de santé animale ont soigné et vacciné plus de 1,8 millions d’animaux, concourant ainsi au maintien du cheptel dans leur zone d’intervention.
Ce réseau de professionnels, appartenant au secteur privé, est suivi mensuellement par des vétérinaires salariés des ONG afin d’assurer l’efficacité et la durabilité de leur travail auprès des éleveurs, notamment en donnant des conseils techniques et en répondant aux demandes. Les éleveurs, et plus généralement les communautés, sont également ciblés par ce projet à travers différentes activités afin de promouvoir la santé animale, de propager de meilleures pratiques d’élevage et de réduire la prévalence de certaines maladies.
Campagnes de vulgarisation et Farmer Field School
Au cours de l’année 2016, plus de 7 000 sessions de vulgarisation ont été menées, ciblant plus de 82 000 personnes dans l’ensemble des provinces d’intervention. Des auxiliaires de vulgarisation salariés, mènent ces campagnes chaque mois dans de nombreux villages en utilisant des brochures et des posters. Ils transmettent ainsi des informations liées à l’élevage et à la santé animale, par exemple au sujet des maladies transmissibles à l’homme, ou des pratiques d’élevage permettant de prévenir la propagation des maladies, notamment parasitaires.
Avec l’aide des auxiliaires de vulgarisation, le projet expérimente une autre approche de vulgarisation, intitulé Farmer Field School (FFS), méthodologie participative visant à apprendre en pratiquant et à trouver des solutions par la concertation. En suivant cette pratique méthodologique, les auxiliaires vétérinaires interviennent en tant que facilitateurs, aidant les membres des FFS dans la recherche de solution à un problème commun. En 2016, 32 FFS se sont terminées avec succès et 31 autres ont été créées. Chaque FFS se réunit deux fois par mois et comporte en moyenne 25 membres.
Développement de l’insémination artificielle
Enfin, le projet soutient le développement de l’insémination artificielle pour les bovins dans quatre provinces grâce à des inséminateurs formés et équipés. Pour la conservation, les inséminateurs utilisent de petits containers (2 L) pour transporter les paillettes de semence dans l’azote liquide. En 2016, 1 291 vaches ont été inséminées avec de la semence de taureaux de race Kunari (locale), mais également Holstein Friesian et Jersey (importée). Il n’y a aujourd’hui quasiment pas de recherche sur l’amélioration des races locales et les éleveurs sont extrêmement dépendants de la semence disponible sur le marché au moment de l’insémination. L’importation de semence, du Pakistan notamment, n’étant pas contrôlée, il est difficile d’assurer la viabilité des paillettes. Seule une ferme à Kaboul fournit de la semence contrôlée, ce qui ne suffit évidemment pas aux besoins de tout le pays, d’autant plus qu’il n’y a pas de circuits de commercialisation pour transporter cette marchandise dans d’autres villes du pays. MADERA intervient donc dans la mise à disposition de semence de qualité pour les inséminateurs dans ses provinces d’intervention. Les mauvaises conditions des routes rendant difficile l’accès aux fermes, particulièrement dans les provinces montagneuses reculées, sont une autre contrainte au développement de cette technique, qui pourtant gagne les esprits de nombreux éleveurs à travers le pays. Il existe donc un certain nombre de défis à relever afin de pouvoir donner accès à l’insémination artificielle à tous les éleveurs qui souhaitent utiliser cette technique.
FFS, une méthodologie fructueuse
Après trois ans d’utilisation de la méthodologie FFS, cette approche commence à susciter dans les provinces d’intervention. En effet, le département en charge de l’agriculture dans la province de la Kunar a officiellement demandé à MADERA d’augmenter son activité de vulgarisation via les FFS, pour répondre à plusieurs réclamations de villages ne bénéficiant pas de notre intervention. En effet, les membres de FFS déjà établis ont fait part autour d’eux des bénéfices qu’ils ont pu eux-mêmes en tirer et ont contribué ainsi à la dissémination des informations. Une demande spécifique a été formulée concernant l’organisation de FFS par une femme pour des femmes, qui sont notamment responsables de l’élevage. À la suite de ces demandes, MADERA a intensifié son activité FFS dans cette province, par exemple en employant une femme pour organiser des sessions dédiées uniquement à un public féminin.