Article à retrouver dans Ouest France ici.
Par Soizic QUÉRO. Publié le 14/07/2023 à 12h29
Six femmes réfugiées ont découvert Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) pendant trois jours, du 11 au 13 juillet 2023, grâce à l’appui de l’association Madera, dont le but est de favoriser l’insertion des personnes réfugiées en milieux périurbains et ruraux. Il y avait un goût de première fois pour la découverte de la mer ou de la pratique du vélo.
Si certaines femmes réfugiées font une petite pause sur le muret du parking de Robien, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), d’autres pédalent avec assurance. Difficile de croire que ces six femmes se sont assises sur une selle, pour la première fois, il y a à peine une heure. « Je suis épatée », s’enthousiasme Lola Benoit, chargée de développement et d’accompagnement à l’association parisienne Madera, dont l’objectif est de favoriser l’insertion des personnes réfugiées en milieux périurbains et ruraux de France. Elle tient un guidon et encourage avec bienveillance une participante, vêtue d’un gilet jaune au nom de l’association briochine Vélo Utile, qui encadre l’initiation, et d’un casque. Tandis qu’à l’autre bout du parking, une autre réfugiée, habillée d’une robe fleurie, pédale avec aise et affiche un grand sourire.
Un suivi personnalisé
« Look at me (NDLR : regarde-moi, en anglais) », préconise Lola Benoit à son interlocutrice, qui lève la tête. Cette dernière serre les freins, avec un brin de réserve. « Depuis avril 2023, c’est notre troisième séjour à Saint-Brieuc, retrace l’intervenante. Depuis 2021, nous avons accompagné quatre personnes, qui se sont aujourd’hui installées ici : deux travaillent dans le bâtiment, un autre en cuisine et le dernier dans l’agroalimentaire. »
La nouveauté, c’est l’accueil de six femmes réfugiées, dont quatre vivent dans la ville préfecture et deux en Île-de-France. Un séjour de trois jours, du mardi 11 au jeudi 13 juillet 2023.
Dawa se sent à l’aise sur un vélo.
« Nous nous sommes associés avec l’agence Envergure, spécialisée dans l’accompagnement professionnel, dans le cadre du dispositif Agir, qui instaure un suivi global et individualisé des réfugiés vers l’emploi et le logement. » Ce programme d’intégration, proposé pendant vingt-quatre mois maximum, « permet à chacun de faciliter l’accès aux droits (droit au séjour, prestations sociales et familiales, soutien à la parentalité, échange de permis de conduire, accès à la santé, notamment mentale, et à un compte bancaire…) », détaille le ministère de l’Intérieur, sur son site web.
S’immerger dans la réalité
Visite d’une bergerie sociale dans le quartier des Villages « pour découvrir le contact avec les animaux, la terre », balade à la plage des Rosaires avec les pieds dans le sable et dans l’eau pour la première fois ou encore au port du Légué, immersion à l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), à Langueux, ou centre de formation des apprentis, sensibilisation au planning familial… Tout est fait pour s’ancrer dans la réalité et « avancer vers l’autonomie », souligne Morgane Soubirou, coordinatrice à Envergure.
« Maintenant, je fais un demi-tour ! »
Des mots au réel, il n’y a qu’un coup de pédale. « Ça fait un peu peur », dit Dawa, 27 ans en anglais.
La bénéficiaire de la protection internationale a d’abord enfourché un vélo sans pédale. « Maintenant, je fais un demi-tour ! Je suis contente d’apprendre à faire du vélo. Je l’utiliserai peut-être, mais avec des voitures, c’est un environnement différent. On ne se déplace pas de la même façon. Là, c’est plus facile », témoigne celle qui prend des cours de français et jongle avec les horaires de l’école. « Les réfugiées craignent de se déplacer hors de la ville centre, fait observer Lola Benoit. Ce séjour est positif. On renouvellera l’expérience. »
Télécharger l’article PDF ici.